Incontinence anale : causes, symptômes et prévention
Aussi appelée incontinence fécale, l’incontinence anale est un sujet tabou, qui mérite pourtant d’être abordé.
En effet, elle touche un certain nombre de personnes, qui choisissent souvent de souffrir en silence. Et pourtant, il existe divers traitements, mais encore faut-il en parler…
Dans cet article, nous vous expliquons les causes possibles à l’incontinence anale, mais aussi ses symptômes et, surtout, les traitements possibles et gestes prévention à mettre en place.
Dans cet article
Incontinence anale, brisons les tabous
On entend très peu parler de l’incontinence anale, et pourtant, saviez-vous qu’en France, au moins 1 million de personnes sont concernées ?
Cela représente 5,1 % de la population adulte du pays. Et au sein de ce million de personnes, au moins 350 000 souffrent d’incontinence aiguë.
Tout comme l’incontinence urinaire, les femmes sont plus touchées par l’incontinence fécale. En effet, on compte un total de 7,5 % de femmes atteintes de cette condition, contre seulement 2,4 % chez les hommes.
Il est important de briser les tabous concernant cette maladie, car, un mal pouvant en cacher un autre, l’incontinence anale pourrait aussi être l’indicateur d’une autre maladie telle qu’une tumeur ou un cancer.
Les types d’incontinence anale
Il y a deux types d’incontinence anale : active et passive :
- En cas d’incontinence passive, le patient n’est pas conscient du besoin de déféquer. Dans ce cas, le patient ne contrôle plus du tous ses muscles, et ce type d’incontinence après souvent à cause d’un traumatisme ou d’une maladie psychologique.
- L’incontinence active, quant à elle, se caractérise par un besoin urgent d’évacuer les selles, mais le patient n’a alors pas le temps d’utiliser les toilettes. Le patient a donc une perte de contrôle des muscles, mais elle n’est pas totale.
Quelles sont les causes de l’incontinence anale ?
L’incontinence anale peut avoir de nombreuses sources.
En effet, parmi les causes les plus fréquentes, mais aussi temporaire, il y a la diarrhée. Celle-ci peut en effet provoquer un dérèglement de la réponse des nerfs et muscles, ce qui entraîne alors une certaine incontinence.
Heureusement, pas dans tous les cas.
Aussi, une autre cause commune de l’incontinence anale est la réduction de l’élasticité des muscles. Souvent cause d’incontinence chronique, la réduction de l’élasticité des muscles peut être due à un traumatisme, une maladie telle que Crohn ou toute autre maladie intestinale inflammatoire.
Dans les cas plus rares (et graves), d’autres causes peuvent entrer en jeux.
Notamment, il peut s’agir de muscles endommagés, souvent suite à un accouchement, mais aussi suite au vieillissement et à la détérioration des muscles du plancher pelvien ou sphincter avec le temps.
L’autre cause de ces cas d’incontinence graves est une ou plusieurs lésions nerveuses.
Celles-ci peuvent, en effet, survenir suite à un AVC, un accident ou encore une lésion à la moelle épinière. Les dommages causés par la lésion vont en fait faire perdre le contrôle de ses muscles au patient, entraînant ainsi une incontinence.
Enfin, il est aussi possible qu’un prolapsus rectal, entendez ici une descente du rectum dans l’anus, puisse être à l’origine de l’incontinence anale.
Comment diagnostiquer l’incontinence anale ?
Avant de considérer un traitement plutôt qu’un autre, il est important de passer par la case diagnostic.
Pour cela, vous pouvez vous rendre chez votre médecin afin qu’il puisse vous prescrire les examens cliniques nécessaires, ou directement vous rendre chez un spécialiste.
Tout d’abord, le médecin qui vous examinera va réaliser un examen de la zone abdominale, mais aussi du plancher pelvien, afin de localiser les possibles douleurs, mais aussi détecter une possible anomalie, ou localiser des cicatrices provenant d’une ancienne chirurgie.
En cas de besoin, un touché rectal sera aussi réalisé, afin de détecter toute anomalie interne assez importante pour être détectée de cette façon.
Ensuite, d’autres examens peuvent être réalisés, tels que la manométrie ano-anale. Il s’agit de l’insertion d’une sonde dans l’anus, et cet examen permet de vérifier si le rectum est plus ou moins sensible, mais aussi de vérifier le bon fonctionnement du sphincter.
Enfin, pour compléter l’analyse, en cas de doute ou pour s’assurer du diagnostic, une coloscopie peut être pratiquée.
Cet examen consiste en fait à explorer le colon et le début des intestins à l’aide d’une petite caméra placée à l’extrémité d’une sonde. Indolore, la coloscopie est cependant très désagréable et est, par conséquent, effectuée sous sédatif ou anesthésie générale.
Quels sont les traitements possibles ?
Comme nous le disions plus tôt, l’incontinence anale n’est pas une condition incurable, dans la plupart des cas. En effet, il est possible de passer par plusieurs solutions, et notamment celles qui suivent.
Les médicaments
Afin de limiter ou stopper l’incontinence anale occasionnelle, il est possible de tout d’abord recourir à des médicaments.
En effet, il est préconisé de prendre des antidiarrhéiques pour éviter une incontinence anale causée par une gastro-entérite ou un tout autre problème entraînant une diarrhée.
La rééducation intestinale
La rééducation intestinale est une technique utilisée en cas d’incontinence régulière, mais légère à modérée.
Elle consiste à renforcer les muscles intestinaux ainsi que le sphincter, mais aussi à vous aider à reprendre le contrôle sur votre corps et vos muscles.
Ainsi, on prévoit notamment un horaire de visites aux toilettes, dans le but de diminuer les risques d’accident. Aussi, de nombreux petits exercices de musculation peuvent être prescrits pour renforcer au mieux les muscles.
La chirurgie
La chirurgie peut être recommandée dans certains cas d’incontinence anale modérée à graves, notamment s’il y a un prolapsus ou un quelconque dommage au niveau du sphincter anal. Pour ces cas, il y a trois grandes interventions chirurgicales possibles :
1/ La réfection du sphincter
Aussi appelée sphinctéroplastie, il s’agit d’une opération visant à retirer une partie endommagée de cette zone avant de recoudre après, si besoin, avoir pris du tissu musculaire de la cuisse pour renforcer le sphincter.
2/ La chirurgie pour prolapsus rectal
Dans ce cas précis, il s’agit d’une opération où on viendra placer et fixer le rectum au bon endroit. Aussi, si possible, le chirurgien viendra réparer les muscles endommagés ayant causé le prolapsus et l’incontinence.
3/ La colostomie
Bien plus radicale, cette opération n’est utilisée que chez les patients souffrant d’une incontinence grave et si aucun autre traitement n’a fonctionné. Ici, le chirurgien va fermer le rectum puis dévier les selles vers une ouverture qui sera pratiquée sur la paroi abdominale. Ainsi, les selles seront recueillies dans une poche spécifique, qui devra être changée tous les jours, mais vidée à plusieurs reprises.
L’injection de produits périurétraux
Produit très récent, les injections périurétrales sont de base utilisées dans le traitement de l’incontinence urinaire.
Néanmoins, des essais montrent qu’ils peuvent aussi avoir une action bénéfique sur l’incontinence anale.
Malheureusement, pour le moment, des études plus poussées doivent encore être effectuées afin de s’assurer de l’action sur le long terme de ces produits, mais aussi constater les possibles effets secondaires à moyen et long terme que ce type de traitement pourrait engendrer.